Pole dance, endométriose et moi

Dans cet article, je partage mon témoignage sur l’endométriose. Entre fragilité et puissance, je raconte comment le sport m’a aidée à traverser la douleur, à accepter ce corps cabossé, et à me sentir « warrior » malgré la maladie.

Abi Prevost

9/19/20254 min read

Pole dance, endométriose et moi : comment le sport m’a aidée à traverser la douleur

Aujourd’hui, j’aimerais aborder un sujet personnel, qui m’a littéralement gâché des années entières : mon endométriose.

Avant de commencer, je tiens à préciser une chose importante : je ne suis pas médecin. Ce que je partage ici, ce n’est pas un conseil médical, mais simplement mon vécu. L’endométriose est une maladie complexe, qui touche chaque femme différemment. Ce qui a fonctionné pour moi ne sera pas forcément la solution pour une autre. Mais si mon témoignage peut aider, ne serait-ce qu’un peu, alors j’en serai heureuse.

Mon corps, ce héros… cabossé

Mon corps est capable de choses incroyables : s’agripper à une barre de pole, s’élancer en inversion, progresser vers le grand écart, courir un semi-marathon, escalader le Mont Pelé, faire de l’escalade… et même mettre un enfant au monde !

Mais il est aussi traversé de dérèglements hormonaux. Comme beaucoup de femmes, c’est en voulant avoir un enfant que j’ai découvert ce qui n’allait pas. On m’a d’abord diagnostiqué un SOPK (syndrome des ovaires polykystiques), puis deux ans plus tard, l’endométriose.

Quand le diagnostic est enfin tombé, ce fut paradoxalement un soulagement. Non, je n’étais pas folle. Oui, mes douleurs avaient une explication. Pendant longtemps, on m’avait renvoyée à un « syndrome du côlon irritable » et à du « stress ». J’étais repartie plusieurs fois de consultations avec mes douleurs… mais sans solution.

La douleur au quotidien

Mes cycles étaient devenus un enfer : règles hémorragiques, syndrome prémenstruel violent, fatigue, moral en berne. J’étais pliée de douleurs, parfois incapable de marcher normalement. À la maison, nous avons fait front. Cyril (mon mari) a pris le relais, et même Tyméo, à seulement 3 ans, avait compris. Quand il me voyait recroquevillée sur le canapé, il allait chercher mon tapis chauffant et demandait à son papa : "Maman à mal au ventre?".

Heureusement, je pouvais télétravailler à cette période. Mais imaginez : pliée en deux, dopée au Doliprane, une bouillotte sur le ventre, participant à une réunion « cruciale »… pour finalement n’y prononcer que trois phrases et constater qu’aucune décision n’était prise. Étrangement, ça aide à relativiser sur l’importance du travail 😉.

Quand l’endométriose transforme mon corps

Au-delà de la douleur invisible, il y a aussi ce que l’endométriose change dans mon apparence.
Mon ventre est souvent gonflé, parfois au point de donner l’impression d’être enceinte de quelques mois. Et c’est difficile à vivre.

Difficile quand on fait un sport comme la pole dance, où l’on est en short et brassière, face au miroir. Difficile aussi parce que ce ventre ne correspond pas à l’image que je voudrais renvoyer.

Quand le sport devient un allié

Dans tout ça, le sport a été mon échappatoire. C’est même l’année où j’ai augmenté mes heures : course à pied, pole dance, cerceau aérien, formation pour devenir prof de pole.

Je ne vous cache pas que certains soirs, j’arrivais en cours pliée de douleurs. Mais dès l’échauffement, petit à petit, ça allait mieux. Je repartais avec le sourire. Ce n’étaient pas mes meilleures performances, mais j’étais fière d’être là, malgré tout. La discipline prenait le dessus, et le sport m’aidait à transformer ma douleur en énergie.

Évidemment, je ne dis pas qu’il faut absolument faire du sport pendant une crise. Mais pour moi, ça a été un cercle vertueux. La pole m’a permis de me sentir « warrior », de retrouver de la force quand tout me rappelait ma fragilité.

Accepter et avancer

Malheureusement, l’effet du sport était temporaire. Les crises revenaient, de plus en plus fréquentes. Après de nouveaux examens, le diagnostic d’endométriose a été confirmé.

J’ai alors pris une décision difficile : accepter le traitement hormonal, qui mettait de côté notre projet de bébé n°2. Mais le résultat a été là : moins de douleurs, plus de règles, plus de syndrome prémenstruel. Une délivrance.

Évidemment, je reste vigilante : j’ai testé l’arrêt du traitement pendant seulement 4 jours, et les douleurs sont revenues immédiatement. Cela me rappelle que mon équilibre est fragile, et que je dois chérir chaque instant où mon corps me laisse souffler.

Ce que j’en retiens

On me dit souvent : « Mais comment fais-tu pour faire tout ça ? »
La vérité, c’est que j’ai passé des heures clouée sur mon canapé, à regarder des Disney pour essayer d’oublier la douleur. Alors aujourd’hui, quand j’ai de l’énergie, je la savoure et je la dépense sans compter.

J’ai compris une chose essentielle : notre corps peut nous lâcher à tout moment. Alors, quand il fonctionne, quand il nous permet de danser, de rire, de vivre… il faut l’aimer et le remercier. Même quand il est gonflé. Même quand il ne correspond pas aux standards. Parce qu’il reste, malgré tout, le plus bel outil que nous ayons.

Conclusion

L’endométriose fait partie de ma vie, mais elle ne la définit pas. Oui, il y a des jours sombres, des moments de repli, des crises qui clouent au canapé. Oui, mon corps est parfois gonflé, fatigué, différent. Mais il reste mon allié, et la pole m’aide à le voir comme tel.

Si je partage cela aujourd’hui, c’est pour dire à toutes celles qui souffrent : vous n’êtes pas seules. Prenez soin de vous, écoutez votre corps, et trouvez ce qui vous aide à traverser ces tempêtes. Pour moi, c’est la pole. Pour vous, ce sera peut-être autre chose. Mais une chose est sûre : nous sommes toutes des guerrières.